Le Plateau
Paris

© Nicolas Chardon

Quality Street – Nicolas Chardon

Vernissage le mercredi 4 novembre 2015, de 19h à 21h.

 

Extrait de l’entretien entre Nicolas Chardon et Gilles Baume :

Gilles Baume : La présence de ton art dans la ville, au travers des différentes réalisations que tu as développées dans le contexte de l’espace public et notamment le projet Quality Street, te permet-elle de marquer ce désir d’être dans l’actualité présente, ici et maintenant, notamment par le lien avec des codes visuels urbains environnants ?

Nicolas Chardon : Par exemple lorsque je montre une plaque de bois monochrome dans la rue, ce n’est pas pour déplacer sa qualité art, ou même exploiter la qualité art de la rue elle-même, mais plus pour profiter de la qualité nulle de ce que je crois être celle de l’art dans la rue. Je pense que tout est possible dans la rue, tout est à égalité, une simple planche de bois peut-y être vue comme une simple planche de bois, ou bien de l’art, plus facilement que dans un musée ou une galerie (où on aura toujours le soupçon de l’art). Mais je n’ai pas pour autant l’illusion de croire qu’en montrant des œuvres dans la rue, elles seraient alors plus proches du monde « réel ». Je m’intéresse surtout à montrer de la peinture, et la rue permet un temps de la dégager des questions artistiques, pour finalement s’intéresser à d’autres fonctions picturales.
En choisissant d’appeler mon travail pour la vitrine Quality Street, au-delà du clin d’œil sucré, je veux aussi souligner ce transfert de qualité(s) qui s’opère aujourd’hui sous nos yeux, quand l’art radical y fond dans la  bouche et que le plus vil, mercantile et bien mal nommé Streetart envahit l’espace de l’art.

GB : Ta pratique de l’abstraction fait référence au langage moderniste, notamment par l’usage que tu fais du motif de la grille. Elle pose la question de l’actualité de ce langage aujourd’hui, à notre époque. Au côté du fameux motif de la grille, qui rythme ton travail, l’installation Quality Street intègre son titre même, peint sur la vitre. Peux-tu nous préciser ce que ce titre évoque pour toi et peut être plus généralement évoquer ce rapport que tu établis entre les mots et les images ?

NC : Dans mon travail de peinture la relation textes-images est totalement imbriquée, les deux provenant comme tu l’indiques de la structure de la grille. D’une certaine façon, toutes les formes que je peins sont issues du langage (de la peinture moderniste mais pas seulement), et ma pratique consisterait alors à les en extirper pour tenter de les rendre au regard. Il en est de même avec les mots, Peinture Abstraite (dans toutes les langues) ou ABSTRACT que je figure sur mes tableaux. ABSTRACT est à ce titre intéressant car au-delà du jeu tautologique il évoque également le langage scientifique ou universitaire, chez qui il désigne une sorte de résumé (d’une recherche), et cela convient alors parfaitement à la forme de synthèse curieuse vers laquelle tend ma peinture. Une peinture où chaque geste conduit à sa résolution logique en intégrant totalement les codes modernistes mais en produisant une forme émancipée des dogmes esthétiques de la bonne forme. Aussi Quality Street peut être lu comme un découpage en mille-feuilles de mon travail de peinture, comme un ABSTRACT; d’abord un fond de toile de coton, puis une toile à motif de grille tendue sur un châssis, enfin des formes peintes – souvent noires et blanches – structurées par le dessin de la grille. Ce qui se dévoile dans mes tableaux, la déformation des figures produite par la tension de la grille sur le châssis, relève d’un paradoxe fécond. La tension, loin de contraindre, assouplit. C’est fort de cette morale qu’il faut comprendre aussi Quality Street, et faire avec les formes le chemin qui nous mène de l’espace  – tendu – de l’art vers celui ouvert, et peut-être plus libre, de la rue.

Retrouvez l’intégralité de l’entretien ici.

 

Street Cred., repères :

68 – CAC Brétigny, 2007 + 68 (Reprise), CAC Brétigny, 2013
http://www.cacbretigny.com/inhalt/chardon.html
http://www.nicolaschardon.net/NC_site/context_b3.html

Spazzio Pubblico, dans 7 rues de Rome, 2008
http://www.nicolaschardon.net/NC_site/context_d2.html

ONZE RUE CLAVEL, La peinture à la rue, Biennale de Belleville, Paris, 2010
http://www.labiennaledebelleville.fr/2011/10/street-painting/
http://www.nicolaschardon.net/NC_site/context_e2.html

ECHO, Frac Aquitaine, Bordeaux, 2011
http://www.frac-aquitaine.net/tout-ce-que-vous-avez-toujours-voulu-savoir-sur-le-blanc
http://www.nicolaschardon.net/NC_site/context_i1.html

Peintures blanches, Rue Bleue, Paris, 2011
http://www.nicolaschardon.net/NC_site/context_i3.html

La peinture au balcon, Palette Terre, Paris, 2015
http://www.paletteterre.com/exhibitions_abstract.html

 

L’antenne culturelle
Située à 50 mètres du plateau

22 cours du 7e art
75019 Paris