Le Plateau
Paris

Adel Abdessemed – Practice Zero Tolerance

Première exposition personnelle d’Adel Abdessemed dans une institution parisienne, “Practice Zero Tolerance” réunit un ensemble d’oeuvres récentes :  sculptures, vidéos, dessins… Soit autant de pratiques qui traversent son oeuvre pour offrir des lectures critiques de notre monde contemporain.
Seconde étape – amplifiée de nouvelles œuvres – d’une exposition présentée à la criée à Rennes cet été, la proposition de cet artiste dégage le Plateau de l’ensemble de ses cimaises pour mieux faire exister l’espace et faire de son intervention un organe dont  la plasticité, symbolisée par une pièce intégrée à l’exposition (“Dazibao”, 2006), se défait lorsque chacun des éléments est dispersé.
« Pratiquer la tolérance zéro » émarge au terrain de la communication politique, qu’il s’agisse d’agir contre le terrorisme, contre le trafic de drogues ou contre l’indiscipline scolaire. Prononcé par des représentants des Etats français et américains, ce discours repousse l’autre hors de la loi, hors de la communauté des droits de l’homme pour faire de lui un opposant. Questionnant ces zones sensibles, sans jamais donner à voir « un art social », Adel Abdessemed affirme une fois encore « qu’un monde hygiéniste et sans conflit est impossible ».
Un continent d’inhumanité qui émerge littéralement avec un véhicule calciné posé au centre de l’espace d’exposition. Moulage à l’échelle 1/1 en céramique cuite au four, cette sculpture (« Practice Zero Tolerance », 2006) évoque à la fois les voitures brûlées lors des émeutes suburbaines de la rentrée dernière et les explosions d’autobus orchestrées par des kamikazes, transformant alors le vestige ou la ruine, en cheval de bataille.
Aux côtés de cette nouvelle pièce, « Pluie noire » (2005) et « Wall drawing » (2006) donnent elles aussi à ressentir la complexité de la participation de l’individu à la collectivité et l’absorption de celui-ci par des dérives idéologiques.
Cette présence au Plateau est également l’occasion pour Adel Abdessemed de présenter la maquette, à échelle humaine, d’un projet qui devrait voir le jour à Jérusalem : « Black House ». Maison dans laquelle des artistes produiraient des œuvres en écho au conflit israélo-palestinien et dont les façades extérieures pourraient être investies par les citoyens qui souhaiteraient y écrire l’indiscible.
Le parcours de cette exposition est ponctuée par des photos de la série « l’Atelier » dont trois nouveaux projets sont ici dévoilés au public.

Commissaires : Caroline Bourgeois et Larys Frogier