Le Plateau
Paris

Carte stéréoscopique, Vue du canal de Mangue à Rio de Janeiro, Brésil. Crédit : DR

Anisotropy – Philippe Decrauzat

 

Vernissage mercredi 16 mars 2011, de 18h  21h.

Commissaire de l’exposition : Xavier Franceschi

Le Frac Ile-de-France / Le Plateau présente Anisotropy, première exposition personnelle de l’artiste suisse Philippe Decrauzat dans une institution parisienne.

Né en 1974, vivant et travaillant à Lausanne, Philippe Decrauzat s’emploie à revisiter le champ de l’abstraction et en particulier l’art optique et le cinétisme pour en élargir le périmètre et les différentes perspectives.
Sa démarche consiste en premier lieu à s’intéresser à un répertoire de formes – minimales et géométriques – à en observer les différents développements avant de se les réapproprier.

Ainsi à travers les dessins, peintures, sculptures et films qu’il nous propose, sommes-nous indistinctement engagés à côtoyer différentes sources qui se croisent pour autant d’analogies
d’ordre formel : Tron (1982), film réalisé par les studios Disney, Muybridge et ses grilles servant en arrière-plan de repères aux mouvements enregistrés par l’appareil photographique ou bien encore le monde en deux dimensions de Flatland, le roman qu’Edwin A. Abbott écrivit au XIXe siècle.

Ces différentes sources traduisent la mise en cause qu’opère l’artiste de cette vision idéaliste que l’art abstrait a longtemps incarné : à un espace idéal, coupé de notre réalité matérielle, s’oppose l’expérience multiple et tous champs confondus d’un ensemble de figures qui peuvent nous captiver par leur radicalité et par les différents jeux que l’on en fait. Cette forme d’expérience, Philippe Decrauzat s’emploie à nous la délivrer, au travers d’œuvres et d’installations sollicitant activement notre perception.

Pour le Plateau, l’artiste propose de toutes nouvelles productions, dont certaines adaptées très précisément à l’architecture du lieu, pour un parcours largement dominé par les motifs d’ondulation et de pulsation.
Dans un contraste radical entre salles obscures et salles violemment éclairées, on découvre tout d’abord une peinture murale englobante (On Cover, 2011) aux renversants effets de moirage.
S’ensuit la projection d’un premier film réalisé d’après le générique de Fahrenheit 451 (1966) de François Truffaut où se succèdent les vues sur-colorées d’antennes sur des toits, suggérant, entre émission et réception, la diffusion d’ondes vers un ailleurs.
Dans une troisième salle, un large plateau aux allures de mur renversé à l’horizontale présente Anisotropy (2011), une étrange sculpture en acier aux motifs parallélépipédiques concentriques, reproduction détournée d’un objet produit dans le cadre d’un vaste projet de recherche pour rendre invisible la matière.

Après avoir traversé un espace où s’opposent en vis à vis une série de peintures aux rayures noires et blanches avec dégradé alterné (Slow Motion, 2011), l’exposition est ponctuée par un second film en couleur particulièrement emblématique de la démarche de l’artiste.
Réalisé d’après certains extraits du film Dreams That Money Can Buy de Hans Richter, l’image fait apparaître et disparaître une série de jetons colorés qui multiplient sur un mode pulsatoire les combinaisons à l’écran : sur ce principe ludique qui à plus d’un titre fonde son travail, Philippe Decrauzat nous fait vibrer, avec ces simples ronds de couleur, au rythme des clignotements d’un des signes premiers de la modernité.