Le Plateau
Paris

© DR

LOYALTY TO THE MATERIAL*

Tom Johnson (joué par Dante Boon)
Gilles Furtwängler (avec Lionel Friedli)
Lydia Lunch
Peter Halley

 

Concerts / lectures / performances

 

Autour d’un manifeste écrit par l’artiste suisse Guy Meldem, trois performances – trois célébrations de la voix – rythment cet évènement. L’inscription de la parole dans les espaces nus du plateau s’offre au regard d’un tableau de Peter Halley.

Joué par Dante Boon, One Hour Piano de Tom Johnson est une œuvre pour piano d’une heure, dont l’écoute se fait en écho à la lecture silencieuse et personnelle d’un texte – l’un rythmant l’expérience de l’autre, l’un offrant la lecture de l’autre.

Gilles Furtwängler propose, avec Lionel Friedli à la batterie, de faire résonner les mots dans l’espace. Fidèle à son désir d’«imprimer des images mentales dans le cerveau des gens », Gilles Furtwängler redouble, avec la percussion, l’impact de ses mots et imprime sa voix.

Considérant la parole et son inscription dans l’espace, l’égérie Punk Lydia Lunch joue, par sa seule voix, l’espace d’exposition comme l’on joue une partition. Ses textes, superposés en nappes sonores, s’accumulent pour rendre compte de la puissance de son écriture et nous rappeler que pour elle, la musique n’est que la toile de fond des mots.

Si la voix, de par son immatérialité, révèle l’architecture sensible du lieu, l’œuvre de Peter Halley se lit ici comme le condensé d’un espace. Ses suites de canaux et d’intersections forment la topologie d’une cellule qui s’offre en écho à l’intrication des salles du plateau.

A Personal Sonic Geology est la 4ème session d’une série d’événements initiée en mars 2014 par Mathieu Copeland et Philippe Decrauzat. Chacune de ses sessions propose une expérimentation sonore et visuelle dans les espaces vides du plateau. Ensemble, accompagnées du volet expositions du programme, elles composent la trame d’un vaste projet de recherche autour des relations entre musique, peinture et film.  La 1ère session, The beating (from the microtones) is beating me down, prenait comme point de départ une certaine matérialité du son (FM Einheit, Fritz Hauser, Bruce McClure) et la 2nde session, Beginning again, envisageait la création d’un environnement visuel à partir du cinéma expérimental de Ben Van Meter. Susan Stenger (accompagnée de Robert Poss et d’Olwen Fouéré), invitée pour la 3ème session, Point of no point, nous offrait son anthologie sonore en considérant l’espace d’exposition comme une partition.

* manifeste de Guy Meldem

 

reservation@fraciledefrance.com
Entrée : 5 euros

 

Notices biographiques :

 

GILLES FURTWÄNGLER
Diplômé de l’Ecole d’Art de Lausanne (ECAL) en 2006, il poursuit depuis un travail de sculpture, de graphisme et principalement de textes (écriture et lecture).
« La base de mes textes est un mix d’écrits personnels et de phrases trouvées (…) Le sujet principal de l’ensemble de mes textes pourrait être la banalité, cette banalité qui nous rassemble, qui fait qu’on se ressemble, qui nivelle les hiérarchies, qui rapproche l’art et la chirurgie dentaire, l’art et le massage suédois, l’art et la dette mondiale, la dette mondiale et la plomberie, la plomberie et le bien-être, le bien-être et la Formule 1, la Formule 1 et les extrémistes. »

 

LIONEL FRIEDLI
Lionel Friedli, batteur, né en 1975 en Suisse, diplômé de la Haute Ecole de Musique de Lucerne. Son intérêt pour les musiques improvisées, expérimentales, alternatives, l’a amené à collaborer avec de grandes personnalités musicales de la scène suisse et international. Sa recherche musicale l’a conduit à intégrer dans son jeu un discours original et reconnaissable, fait de „formules rythmiques“ venant des différents grands courants musicaux contemporains et passés, et d’apports d’idées plus spécifiques provenant de la musique improvisée européenne et « New-Yorkaise ».

 

TOM JOHNSON
Tom Johnson est un compositeur américain né le 18 novembre 1939 à Greeley (Colorado). Il vit à Paris depuis 1983. Il a étudié à l’université de Yale et a suivi des cours privés avec Morton Feldman. Après 15 ans à New York, il s’installe à Paris en 1983 où il vit avec son épouse, l’artiste Esther Ferrer. Il s’identifie lui-même comme compositeur minimaliste; en fait, il a rencontré ce terme en écrivant des critiques musicales pour le magazine Village Voice. Depuis il a compilé un certain nombre d’articles sur le sujet dans son livre The Voice of New Music, sa définition du terme évoluant avec les années.

 

DANTE BOON
Dante Boon (1973) est un compositeur et pianiste hollandais vivant à Amsterdam.
Il a travaillé notamment avec Tom Johnson, Samuel Vriezen, Rosalie Hirs, Antoine Beuger, Jürg Frey et James Fulkerson.
Avec Samuel Vriezen, il enregistre Symmetries (piano four hands) de Tom Johnson pour le label Karnatic Lab Records.
Son premier album cage.frey.vriezen.feldman.ayres.johnson manion, unanimement salué par la critique, est sorti en 2010 aux Editions Wandelweiser Records.

 

LYDIA LUNCH
Lydia Lunch est née près de Rochester aux Etats-Unis en 1959. Lorsqu’elle débarque à New-York, elle lutte pour sa survie mais écrit des poèmes et fréquente le CBJB, célèbre club new-yorkais où elle rencontre entre autre les Sonic Youth, James Chance avec qui elle monte le groupe Teenage Jesus and the Jerks, comme guitariste et « cri primal », groupe mythique de la scène No Wave. Deux ans plus tard, Brian Eno produit un album anthologique des meilleurs groupes de l’époque No New York qui réunit The Contorsions, Mars, DNA et Teenage Jesus. Parallèlement, Lydia Lunch crée un autre groupe, Beirut Slump, et sort en 1980 un premier album solo, Queen of Siam, qui marquera toute une génération d’artistes. Dans les années 80, elle entame une série de collaborations avec Nick Cave, Einstürzende Neubauten, Die Haut, Marc Almond, Sonic Youth… Elle écrit et tourne avec Richard Kern une série de films dans lesquels elle met en scène sa vision personnelle des désirs et des violences sexuelles. Elle sort The uncensored Lydia Lunch, premier chapitre de ce qui allait devenir son medium le plus direct et le plus efficace, le spoken word (textes mis en scène, entre théâtre et harangue). Elle s’associe à Foetus (Jim Thirlwell) pour plusieurs albums et crée en 1989 un groupe noise-rock avec Kim Gordon de Sonic Youth. Elle sort en 1997 sa biographie au vitriol intitulée Paradoxia, journal d’une prédatrice et préfacée par Hubert Selby Jr. Icône sexuelle, artiste radicale, inlassable et inclassable, Lydia Lunch n’a eu de cesse de dénoncer le conformisme, l’exploitation de la misère, la politique américaine et les violences faites aux femmes. Son esprit de révolte, son indépendance et l’influence qu’elle a exercée sur toute une génération en font un modèle unique de l’underground américain.

 

PETER HALLEY
Artiste enseignant, critique et théoricien d’art, Peter HALLEY est né à New-York en 1953. Il découvre la musique new wave et devient, au début des années 1980, le porte-parole d’une nouvelle abstraction : Neo geo (nouvelle géométrie) par opposition à la Nouvelle Figuration, qui dominait alors la scène internationale. Depuis le milieu des années 1990, Peter Halley produit des installations in situ : il joue sur le dialogue entre l’œuvre et son environnement en couvrant de motifs et couleurs les murs sur lesquels il accroche ensuite ses peintures.
L’œuvre pictural de Peter Halley réinvestit le langage plastique des abstractions géométriques du XXe siècle avec distance et ironie et conçoit ses compositions dans un jeu de relations entre ce qu’il appelle les « prisons » et les « cellules ». Ces dernières reflètent la géométrisation croissante de l’espace social et son emprise sclérosante sur notre environnement et notre manière de penser.
À partir des années 1990, les compositions se modifient, les formes semblent enchâssées les unes dans les autres, les couleurs deviennent plus joyeuses et plus lumineuses. Le Pop Art et le Minimalisme apparaissent comme des sources d’inspiration évidentes dans sa réflexion sur les médias, la technologie et la société de consommation.