Le Plateau
Paris

Les vigiles, les menteurs, les rêveurs, Érudition concrète 3

Commissaire de l’exposition : Guillaume Désanges

 

Avec des oeuvres de Agence, Mathieu K. Abonnenc, Jean Amblard, Eric Baudelaire, Luis Camnitzer, Julius Eastman, Mario Garcia Torres, Jean-Luc Godard, Les Groupes Medvedkine, Tamar Guimaraes, Chris Moukarbel, Walid Raad, Boris Taslitzky … & Monument to Transformation (Vit Havránek, Zbynek Baladrán + Vyacheslav Akhunov, Babi Badalov, Chto Delat ? (What is to be done ?), Hafiz, Lise Harlev, Ivan Moudov, Boris Ondreička, Anatoly Osmolovsky, Haegue Yang)

 

Les vigiles, les menteurs, les rêveurs est le troisième volet du programme

« Erudition Concrète » proposé par Guillaume Désanges, commissaire invité à concevoir un cycle d’expositions au Plateau. S’inscrivant dans la continuité de La Planète des Signes et Prisonniers du soleil, cette exposition interroge à son tour la manière dont certains artistes contemporains renouvellent la relation entre art et savoir, en présentant cette fois-ci le travail d’artistes observateurs, vigiles du présent et du passé. Même si leurs pratiques sont a priori très diversifiées, elles apparaissent toutes dérivées d’un principe documentaire au sens large.

 

Alors que la relation classique du document au réel doit généralement se mesurer à des critères d’objectivité, d’exhaustivité, de prudence et de rigueur, ces artistes font exploser ces références. Ils développent ainsi des modes alternatifs de restitution, qui peuvent emprunter les chemins de la traduction, de la reconstitution, du transfert ou de la fiction. Il ne s’agit pas de jouer et de tromper, mais de toucher l’autre en partageant de la conscience et du savoir et en acceptant, s’il le faut, de contredire les règles éthiques et formelles du scientifique, de l’historien, ou du chroniqueur.

 

Qu’ils soient artistes chercheurs, passeurs, juristes, leurs formes sont soumises à la nécessité et à l’urgence d’un message à passer plus qu’à une volonté stylistique. Il ne s’agit pas non plus de nier l’efficacité de la forme, mais au contraire d’affirmer des « fonctions », voire des missions. En écho à l’idée d’une érudition profonde qui se mue en formes hybrides, l’exposition déplie ainsi différentes stratégies d’écriture de faits, qui, à partir d’une raison pratique et d’une volonté politique ou militante, finissent parfois par tendre vers le poétique ou le lyrique.
Abordant des sujets très divers, tous ces artistes donnent à partager le résultat de leurs recherches, n’hésitant pas à créer leurs propres documents quand cela est nécessaire, jouant parfois sur des ambiguïtés entre fiction et réalité, objectivité historique et création, archive et collection personnelle.

Soumis à des obligations de moyens plus que de résultats, ces artistes opèrent finalement comme des inventeurs ou des passeurs, contestant la position de l’auteur démiurge. Utilisant le partage de l’information, l’inventaire et le renseignement comme des armes, ces veilleurs proposent des manières indirectes de critiquer des situations spécifiques, qu’ils ont choisi d’investiguer. Un savoir mobile, de surface, de connexions, qui oppose la qualité de la relation entre les faits à l’expertise aveugle.

 

Guillaume Désangesest critique d’art et commissaire d’exposition.Il co-dirige Work Method, structure indépendante de production. Membre du comité de rédaction de la revue Trouble et correspondant français pour les revues Exit Express et Exit Book (Madrid).

En 2009-2011, il est commissaire associé au Frac Île-de-France / Le Plateau, Paris.

 

Diaporama

 

 

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